Sunday, December 18, 2005

Rwanda Notre Avenir: les derniers jours d'un régime (10 avril 2000)

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RWANDA NOTRE AVENIR
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Rwanda : les derniers jours d'un régime

Chers compatriotes,

Depuis des semaines, les événements se précipitent dans notre pays. L'histoire s'accélère comme si elle avait pris du retard.Tout porte à croire que c'est le commencement de la fin d'un règne et d'une époque. Le règne du mensonge, de la peur, de la terreur, de la corruption à tous les niveaux du pouvoir. Ce sera aussi la fin d'une longue période d'atroces souffrances pour un peuple qui n'en méritait pas tant. Des décennies de la mort qui a frappé dans toutes les familles rwandaises et même dans les pays voisins. Nous nous inclinons respectueusement devant la memoire de toutes les victimes de la guerre, du genocide et d'autres massacres tant au rwanda que hors de ses frontieres.

La crise qui secoue le régime de Kigali estcaractéristique des régimes en agonie et qui sont au bord de l'implosion et de l'effondrement. Ces farouches luttes intestines sont le reflet d'un vaisseau en perdition.

Comme le peuple rwandais a été muselé, comme lajeunesse et la société civile n'ont pas voix au chapitre, le système ne pouvait pas consciemment se remettre en question. Il a fallu qu'il soit miné de l'intérieur pour finalement trembler sur ses bases fragiles, voire inexistantes. Une corruption rampante, la recherche du bien mal acquis, les haines et les divisions entretenues par le pouvoir, finiront bientôt par avoir raison de tous ces parvenus. Toutes les démissions voulues ou forcées parmi les plus hautes autorités du pays ne font que mettre davantage en lumière ce malaise grandissant et bientôt fatal.

Partout où l'intérêt de quelques-uns a trop longtemps primé sur l'intérêt général, les forces dominantes ont fini tôt ou tard par s'écrouler. C'est le cas du Rwanda où une poignée d'individus ont accaparé toutes les maigres ressources du pays tout en s'érigeant en justiciers et en maîtres à penser pour tous pour tenter de dissimuler leur goût du lucre et leur incapacité à diriger le pays sur! la voie de la paix et du développement pour tous. La justice, la paix, la sécurité, le droit à la vie et à la propriété nesont plus pour le commun des rwandais que des vocables oubliés. Les massacres, les prisons connues ou inconnues dans lesquelles croupissent des innocents avec des criminels, le peuplement forcé des villages dits " imidugudu " qui sont devenus de vrais camps de concentration, la délation érigée en système de gouvernement. ont fini de détruire toutes les familles rwandaises et partant tout le pays que le génocide de 1994 avait laissé déjà exsangue.
Tous les efforts du pouvoir en place ont été orientés vers une stratégie destinée à renforcer l'emprise sur le pouvoir politique etéconomique au détriment de tout un peuple en détresse.

Actuellement le peuple rwandais a tout perdu jusqu'à l'espoir; il n'a droit à rien sauf au silence et à la peur ; il ne sait plus à quel saint se vouer. Il a été déçu, trahi, méprisé etsa jeunesse sacrifiée à des guerres sans issue. Son salut doit dès lors se trouver non seulement dans la marche en avant pour le progrès moderne, mais aussi dans les valeurs ancestrales en ce qu'elles ont de positif, de meilleur, de durable, d'irremplaçable. Ce sont notamment une bonne éducation des enfants, l'amour de la famille et de la Patrie, la culture nationale, la politesse, l'intégrité morale, le respect de soi et des autres, le courage et le dévouement pour la défense des faibles, la complémentarité entregénérations, la cohabitation pacifique et fraternelle entre toutes les composantes du peuple rwandais.

Wa mugani ngo twavamo umwe ntitwarya. En effet, chaque fois que l'une ou l'autre des trois branches de la famille rwandaise a été méprisée ou persécutée, le Rwanda n'a jamais eu la paix.Car si un membre du corps social souffre, tout le corps souffre. Est-il difficile d'appréhender cette cruelle réalité qui nous a fait tort à tous sans exception ? Ceux qui prêchent encore l'idéolo! gie ségrégationniste basée sur les divisions ethniques ou autres de même acabit sont des esprits attardés. Ceux qui rêvent toujours de savantes manipulations n'ont rien appris de notre douloureuse histoire. Ils seront pris dans leurs propres pièges. La meilleure solution est de vivre et laisser vivre. Nous avons besoin les uns des autres; finis les vieux clichés qui ont tous lamentablement échoué. Nous devons rechercher un modus vivendi qui transcende toutes les divisions pour donner à tous les habitants de notre pays laconfiance en l'avenir. Alors qu'aucun pays ne peut se passer des autres, en particulier de ses voisins immédiats, notre pays a perdu toute crédibilité à cause des dirigeants impliqués dans le bellicisme, des crimes et des trafics de toutes sortes. Les accusations se multiplient qui font du Rwanda la risée du monde. Ces dénonciations sont d'autant plus troublantes qu'elles émanent de sources indépendantes des clivages rwandais. Nous laissons néanmoins à la justice internationale, désormais interpellée, le soin de prendre ses responsabilités pour faire justice. Le peuple rwandais a enduré trop d'épreuves inutiles ; le moment est venu pour que ses malheurs prennent fin. Les régimes sanguinaires ont vécu; c'est le tour d'une ère de paix, dejustice et de concorde entre tous les rwandais. Il faut, pour ce faire, un régime et des institutions engagées à conduire le Rwanda dans le siècle qui vient sous la bannière d'une paix retrouvée et d'une réconciliation sans arrière-pensée, dans une saine justice qui punit les coupables et protège les innocents. Ainsi tous les autres bienfaits liés au progrès socio-économique trouveraient-ils un terreau propice à leur développement. Notre Association " RWANDA NOTRE AVENIR " a maintes fois rappelé que l'institution dont le Rwanda a besoin est celle qu'une portion importante du peuple rwandais réclame, à savoir une monarchie constitutionnelle, adaptée aux temps présents et à venir. Il v! a sans dire qu'une période de transition est nécessaire. Il faut donner un peu de répit à la population pour lui permettre de respirer. Il faut mettre en place les conditions d'un scrutin pacifique, libre et transparent. Il faut un gouvernement provisoire, plutôt technocrate que politique, pour gérer cette période de transition et participer à la préparation des élections avec la Société civile et les partis politiques reconnus par ce gouvernement.. Le Chef de l'Etat de transition serait le Roi Kigeli V. C'est donc à l'issue de cette période de transition et de retour à la sérénité, qu'un référendum serait organisé pour que la population choisisse la forme définitive de l'Etat. A la même occasion, des élections démocratiques seraient organisées à l'issue desquelles un gouvernement définitif serait mis en place. Nous sommes convaincus qu'une majorité de la population, toutes ethnies confondues, appelle de ses voux l'instauration de la monarchie et le retour de Kigeli V comme Roi. On ne peut promouvoir la démocratie en méconnaissant les aspirations du peuple. C'est pourquoi, à nos yeux, les circonstances qui prévalent dansnotre pays désignent Kigeli V pour symboliser l'unité et la cohésion du peuple rwandais. Encore une fois, nous félicitons et encourageons tous nos compatriotes qui en appellent à leur Roi et font tout pour qu'il revienne sans plus tarder au pays de ses ancêtres. Par contre,nous nous inscrivons en faux contre les extrémistes de tous bords et autres apprentis sorciers et apôtres de l'ethnisme. Nous ne sommes pas un parti politique, mais une association qui lutte pour le retour de la paix, de la stabilité, de la justice et de la démocratie dans notre pays. Nous réitérons dès lors notre invitation à toutes les personnes bien intentionnées à serrer les coudes dans ce combat contre toute discrimination négative au sein du peuple rwandais.

Pour Rwanda Notre Avenir
Eric Rutayisire , Président

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