Sunday, January 01, 2006

Rwanda: les touristes sur les traces de Dian Fossey ( Nyiramacibiri )



KARISOKE (AFP) - 01/01/2006 10h49 - Il y a 20 ans, la primatologue Dian Fossey, qui a contribué à la protection des gorilles de montagne menacés d'extinction, était tuée au Rwanda. Sa tombe et son lieu de vie attirent de plus en plus de visiteurs, alors qu'elle même était très opposée au tourisme.

"Elle s'opposait farouchement à ce que l'on fasse du parc (des Volcans) et des gorilles une attraction touristique", écrit son amie Rosamond Carr dans son livre "Le pays des Mille Collines".

La primatologue américaine a passé 18 ans dans le centre de recherche qu'elle avait fait construire à Karisoke, à 3.000 mètres d'altitude, dans les montagnes Virunga, où vivent les derniers 700 gorilles de montagne au monde (entre le Rwanda, la République démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda).

Ce lieu est aujourd'hui devenu un site touristique. Pour y arriver, il faut emprunter un petit sentier raide et boueux, bordé d'orties, de bouse de buffle et de crottes de gorilles.

Depuis octobre, l'Office rwandais du tourisme et des parcs nationaux (ORTPN) a enregistré chaque mois entre une vingtaine et une cinquantaine de touristes venus visiter la tombe de Mme Fossey, rendue célèbre après sa mort par le film "Gorilles dans la brume".

"Beaucoup de visiteurs trouvent la montée rude", concède Rosette Rugamba, la directrice de l'Office.

Dans ce petit pays d'Afrique centrale, toujours marqué par le génocide de 1994, une grande majorité des gens s'accordent pour dire que les recherches effectuées par la primatologue et le travail de conservation entrepris depuis sa mort par le Fonds Dian Fossey pour les Gorilles (DFGF), ont énormément contribué à la survie des gorilles de montagne.

"N'eût été Dian Fossey, il ne resterait aujourd'hui plus aucun gorille de montagne", assure Bosco Bizumuremye, un guide du parc ayant travaillé avec la primatologue.

C'est entre les volcans Karisimbi et Visoke que Mme Fossey étudiait les gorilles et a été retrouvée morte, à l'âge de 53 ans, au matin du 27 décembre 1985, le crâne fendu par deux coups de machette.

Sa tombe est située au milieu de celles des gorilles qu'elles étudiaient. Elle repose aux côtés de Digit, un gorille au dos argenté qu'elle chérissait particulièrement, et qui a lui aussi subi une mort violente.

"Personne n'aimait les gorilles plus qu'elle", peut-on lire sur l'épitaphe de la tombe de Mme Fossey.

"Elle restait enfermée chez elle en deuil pendant trois jours, voire une semaine si un gorille mourrait", explique Jean-Baptiste Majumba, qui a travaillé dix ans avec elle.

"Elle devait être courageuse d'avoir vécu comme ça année après année en brousse", estime François Ndagijimana, un paysan de 45 ans.

La haine qu'elle vouait à l'égard des braconniers remontait, selon ses amis, au jour où elle avait trouvé un buffle dont on avait coupé les jambes arrière pour la viande alors que la bête était encore vivante.

La primatologue payait ainsi des pisteurs pour attraper les braconniers et les conduire à la police.

Son intransigeance lui a fait beaucoup d'ennemis, dont des braconniers, des trafiquants de gorilles et certaines autorités agacées par son refus d'accepter que les paysans et leur bétail ne s'installent dans le parc.

Les circonstances de son meurtre n'ont jamais été élucidées et l'identité de son assassin reste inconnue. Un homme arrêté après le meurtre a ensuite été retrouvé mort en détention.

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