Rwanda: une association de prostituées lutte contre le sida - INDUSHYI Adeline
Rwanda: une association de prostituées lutte contre le sida
Adeline, une Rwandaise prostituée de 19 ans, le 28 avril 2006 à Gisenyi GISENYI
- 21/05/2006 07h57 - Souvent réduites à la prostitution après avoir perdu leurs parents pendant le génocide de 1994, près de 200 femmes rwandaises se sont rassemblées au sein d'une association pour lutter contre le sida et tenter de se construire un nouvel avenir.
Installée depuis 1999 à Gisenyi, à la frontière avec la République démocratique du Congo, l'Association rwandaise pour l'encadrement des filles mères et des femmes libres compte 186 adhérentes âgées de 16 à 32 ans, dont 122 sont atteintes du VIH-Sida.
La présidente de l'association, Olive Mutesi, jeune femme ronde et énergique, fait tout pour sensibiliser les prostituées de la ville à la maladie et leur permettre d'accéder aux soins et à la mutuelle de santé.
Inlassablement, vêtue d'un jogging, la présidente sillonne "le quartier des prostituées" de la ville et s'entretient avec les adhérentes de leurs difficultés et espoirs.
La journée de ces jeunes prostituées est rythmée par les problèmes liées à la maladie: prise des antirétroviraux, visites quotidiennes aux amies qui sont à l'hôpital.
"Nous allons les voir, mais nous n'avons même rien à leur apporter à manger", explique Claudine, 30 ans, une des doyennes de l'association.
"Les rapports sexuels protégés coûtent un dollar, les rapports non protégés coûtent entre deux et quatre dollars", ajoute-t-elle: "on accepte des rapports sexuels non protégés parce qu'on doit payer le loyer et trouver à manger pour nos enfants".
"Shakira", 19 ans, malade du sida, est dans ce cas. "Mes petites soeurs ne vont pas à l'école. Je n'ai pas l'argent. J'ai peur pour elles. Mais je ne peux pas faire autrement". Ses jeunes soeurs ont 8 et 12 ans.
"Je prends des antirétroviraux, mais j'ai des vertiges parce que j'ai faim. On ne travaille pas beaucoup ces temps-ci", commente Shakira.
Olive Mutesi s'arrête devant une petite maison du quartier des prostituées. Deux femmes vêtues de pagnes et de tee-shirts délavés discutent à l'extérieur, leurs bébés dans les bras.
"Il n'y a pas d'hommes ici. Ce sont toutes des orphelines, chefs de ménages. Elles s'occupent d'enfants plus jeunes que leurs parents ont laissés. Ils sont morts en 1994 pendant le génocide" ou lors d'attaques de rebelles, dit Olive.
Le génocide de 1994 au Rwanda a fait environ 800.000 morts, selon l'Onu, majoritairement chez la minorité tutsie et chez les hutus modérés.
Des jeunes Rwandaise prostituées, le 28 avril 2006 à Gisenyi
La présidente est accueillie chaleureusement. Tout le monde ici connaît "l'association d'Olive". Toutes les prostituées en sont membres. Plusieurs jeunes filles la suivent à l'intérieur de la maison, escortées de dizaines d'enfants.
"Je suis une rescapée du génocide", témoigne Confiance, jeune femme de 20 ans aux cheveux coupés très courts: "j'ai quitté l'école après 1994 parce qu'il n'y avait plus personne pour me payer les frais de scolarité. En 2003, j'ai commencé à me prostituer".
Aujourd'hui, Confiance a trois enfants. Grâce à l'association, elle a tenté de lancer un petit commerce. Mais les affaires, explique-t-elle, ne marchaient pas bien. Elle a fini par puiser dans le fond de caisse que lui avait donné l'association pour nourrir sa famille.
"Nous essayons de créer de petits élevages, de les aider à ouvrir des commerces pour qu'elles puissent payer les frais de scolarité de leurs enfants, réduire le nombre de partenaires, ou même de changer de voie", explique Olive.
Ces jeunes filles ont de nombreux enfants à charge, leurs enfants et leurs frères et soeurs. Selon la présidente, ces enfants ne sont pas scolarisés, même si l'école primaire est gratuite au Rwanda.
Les prostituées n'ont pas les moyens de payer la contribution parentale, les fournitures scolaires et les uniformes.
1 Comments:
l'accès à une mutuelle est fondamental pour permettre a ces femmes de se soigner correctement
Maria de u-mutuelle.fr
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