Le major Bernard Ntuyahaga devant ses juges
Un procès pour les paras belges tués au Rwanda
Anne-Marie Mouradian
Depuis mars 2004, date à laquelle il s’est rendu à la justice belge et a été incarcéré, on ne parlait plus beaucoup de Bernard Ntuyahaga. L’ancien major rwandais est le principal suspect pour le massacre à Kigali en 1994, au début du génocide, de dix casques bleus belges chargés de protéger le Premier ministre Agathe Uwilingiyimana. Le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, des gendarmes rwandais encerclent la résidence du Premier ministre qui tente alors de fuir. Il est assassiné. Les dix paras commandos belges sont désarmés et emmenés au camp militaire de Kigali, dont Bernard Ntuyahaga est responsable de la logistique. Ils y seront massacrés. Suite à ces meurtres, la Belgique décide de retirer toutes ses troupes de la force des Nations unies au Rwanda (Minuar). Depuis deux ans, l’instruction judiciaire, qui a compris l’envoi de commissions rogatoires au Rwanda, suivait discrètement son cours. Elle est aujourd’hui terminée. La semaine prochaine, le procureur Philippe Meire devrait déposer son réquisitoire qui au-delà des circonstances de l’assassinat des dix casques bleus belges et du Premier ministre rwandais, visera les pratiques du major Ntuyahaga durant le génocide de 1994.
Le réquisitoire demandera probablement le renvoi de l’inculpé devant la cour d’assises de Bruxelles comme ce fut le cas, en 2001 et en 2005, lors des deux précédents procès en Belgique qui ont abouti à la condamnation de six génocidaires rwandais. Ces procès ont lieu en vertu de la loi belge de compétence universelle en matière de crimes contre l’humanité. C’est au nom de cette même compétence universelle que Bruxelles a demandé au Sénégal l’extradition de l’ancien président tchadien Hissène Habré, suite aux plaintes déposées par des victimes de nationalité belge. Une demande rejetée par l’Union africaine qui a choisi de confier le dossier à une commission de juristes africains. Même si sa portée sera plus limitée, le procès du major Ntuyahaga devrait avoir un retentissement médiatique important en Belgique où les familles des dix paras assassinés l’attendent depuis douze ans.
par Anne-Marie Mouradian
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